SCPI : comprendre la baisse de leur valeur

Plus de 2,5 milliards d’euros de pertes latentes en quelques mois : le chiffre, brut et sans détour, marque un tournant pour des milliers de détenteurs de parts de SCPI. Entre 2022 et 2024, plusieurs sociétés civiles de placement immobilier ont annoncé des baisses de prix sur leurs parts, touchant des milliers d’investisseurs particuliers. Certaines d’entre elles, pourtant réputées stables depuis des décennies, ont dû revoir à la baisse la valeur de leurs actifs pour refléter l’évolution du marché immobilier professionnel.

Cette correction, loin d’être un épiphénomène, s’inscrit dans un contexte de hausse des taux et de recul de la demande locative sur certains segments. La question de la liquidité et des perspectives de rendement se pose désormais avec une acuité renouvelée pour ceux qui détiennent ou envisagent d’acquérir ce type de placement.

SCPI : comment fonctionnent ces placements immobiliers collectifs ?

Les SCPI, abréviation de sociétés civiles de placement immobilier, facilitent l’accès au placement dans la « pierre-papier » en mutualisant les risques. Le principe : une société de gestion sélectionne, acquiert et administre un ensemble varié de biens immobiliers, bureaux, commerces, logistique, majoritairement situés en France et, de plus en plus, en Europe. Lorsque vous achetez des parts SCPI, vous devenez indirectement copropriétaire de ce portefeuille, et vous percevez un dividende issu des loyers encaissés, généralement distribué de façon régulière.

Le cœur du fonctionnement repose sur la valeur de reconstitution : c’est le montant qu’il faudrait débourser pour racheter l’intégralité du patrimoine, frais inclus. Cette estimation, remise à jour chaque année, sert de boussole pour fixer à la fois le prix de souscription et le prix de retrait. Dans le cas d’une SCPI à capital variable, le nombre de parts s’ajuste selon les entrées et sorties d’investisseurs. Sur le marché secondaire, les parts peuvent aussi s’échanger de gré à gré, souvent à un prix inférieur à la valeur de reconstitution.

Si le rendement conserve un attrait indéniable, il ne faut pas négliger les frais de gestion et de souscription, qui viennent rogner la performance. Quant à la liquidité, elle n’est jamais garantie : tout dépend de l’équilibre entre vendeurs et acheteurs. La société de gestion, sous l’œil de l’AMF (autorité des marchés financiers), assure la transparence et la régularité de l’ensemble des opérations.

Pour mieux cerner les spécificités, voici les points à retenir sur le fonctionnement des SCPI :

  • Parts SCPI : chaque part représente une fraction du patrimoine immobilier collectif
  • Dividende : revenu locatif reversé trimestriellement ou mensuellement
  • Frais de souscription et de gestion : déduits de la performance réelle
  • Marché secondaire SCPI : possibilité de revendre ses parts à d’autres investisseurs

Le placement immobilier via SCPI se distingue donc par sa capacité à diversifier l’investissement tout en s’appuyant sur une gestion professionnelle. Mais il suppose de comprendre la logique de valorisation et les contraintes collectives propres à ce véhicule.

Pourquoi observe-t-on une baisse de la valeur des parts de SCPI ?

Le marché immobilier professionnel traverse une zone de turbulence, et la raison tient en grande partie à la hausse des taux d’intérêt. Depuis 2022, l’augmentation rapide du coût du crédit a fait reculer la demande immobilière, réduisant le nombre de transactions et exerçant une pression à la baisse sur les prix. Le phénomène, loin de se limiter au logement, touche de plein fouet les actifs détenus par les SCPI.

La valeur de reconstitution, référence pour fixer le prix de souscription des parts, dépend directement de la valorisation des immeubles au sein du portefeuille. Quand le marché immobilier fléchit, la valeur inscrite au bilan doit être ajustée. Résultat : le prix des parts diminue, parfois de façon marquée, pour coller à la réalité du marché.

À cela s’ajoute la vacance locative qui pèse sur le rendement. Certains segments, comme le bureau ou le commerce, s’avèrent plus sensibles à ces ajustements, notamment là où la demande faiblit. Même les SCPI diversifiées à l’échelle de la France ou de l’Europe doivent composer avec cette dynamique : la tendance à la baisse est partagée, mais son ampleur varie d’un marché à l’autre.

Le phénomène se traduit concrètement par :

  • Baisse prix SCPI : conséquence directe de la réévaluation des actifs immobiliers
  • Évolution valeur de reconstitution : ajustée chaque année au vu du contexte économique
  • Hausse des taux : impact immédiat sur la capacité de financement et la liquidité

La baisse du prix de souscription découle donc d’un ajustement imposé, non d’un choix arbitraire, impulsé par la réalité des marchés et le cadre réglementaire, sous la surveillance active de l’AMF.

Les conséquences concrètes pour les investisseurs, entre inquiétudes et réalités

La baisse du prix des parts SCPI agit comme un révélateur. Beaucoup d’investisseurs s’interrogent sur la viabilité de leur placement immobilier ou s’inquiètent de la liquidité : céder des parts sur le marché secondaire devient plus complexe en période de retraits massifs. Le mécanisme du capital variable, censé amortir les chocs, montre alors ses faiblesses.

La pression sur le rendement se fait sentir. Si certaines sociétés de gestion maintiennent un niveau de dividende attrayant, la tendance générale reste au resserrement. Les SCPI, placées sous la vigilance de l’AMF, doivent adapter leur politique de distribution sans affaiblir leur patrimoine. Par ailleurs, la question de l’IFI (impôt sur la fortune immobilière) revient sur le devant de la scène : une valorisation des parts en baisse peut modifier la base fiscale pour certains porteurs.

Voici l’impact concret de la situation sur les porteurs de parts :

  • Prix des parts SCPI : la décote pèse sur la valorisation du portefeuille détenu
  • Rendement : ajustement à la baisse, pouvant affecter la régularité du dividende
  • Liquidité : accès plus difficile au marché secondaire, délais de revente allongés

Les investisseurs exposés sur plusieurs marchés, France et Europe, constatent que la correction varie d’une SCPI à l’autre. Certaines, plus spécialisées ou moins dépendantes de secteurs fragilisés, limitent les pertes. Dans tous les cas, vigilance et suivi attentif des valeurs de reconstitution s’imposent, tout comme la compréhension des décisions prises par la société de gestion.

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Agir face à la baisse : conseils pratiques pour protéger son investissement en SCPI

Pour réagir efficacement face à la baisse, commencez par analyser la composition de votre portefeuille. Multipliez les sources de diversification : associez différentes SCPI, explorez plusieurs secteurs d’activité, répartissez vos avoirs entre France et Europe. Cette dispersion limite l’impact d’un retournement sur un segment particulier.

Faites appel à un conseiller en gestion de patrimoine. Son expérience permet de sélectionner des SCPI à capital variable ou fixe, en fonction de vos objectifs et de votre tolérance au risque. Comparer une SCPI affichant une décote par rapport à sa valeur de reconstitution à une autre en surcote peut ouvrir une fenêtre d’investissement intéressante. Certains choisissent même d’investir davantage lorsqu’ils estiment que la baisse du prix de souscription annonce un futur rebond du marché immobilier.

Prenez garde à la liquidité : la vente de parts de SCPI peut se révéler longue, surtout sur le marché secondaire. Privilégiez les sociétés de gestion reconnues pour leur transparence et leur gestion proactive. Consultez les rapports annuels, surveillez le taux d’occupation, le niveau de la vacance locative et la pertinence des arbitrages réalisés au sein du portefeuille.

Enfin, il peut être pertinent d’intégrer d’autres solutions, comme un produit structuré, pour ajuster votre exposition à l’immobilier collectif. Maintenir une veille régulière sur la valeur de reconstitution SCPI et l’évolution des marchés permet d’adapter votre stratégie patrimoniale. L’investissement en SCPI reste un levier puissant, à condition de s’inscrire dans une approche réfléchie, ajustée aux réalités mouvantes du secteur.

Face aux secousses du marché, chaque décision compte. Anticiper, diversifier, rester lucide : la valeur de votre placement se joue aussi dans votre capacité à naviguer avec méthode et sang-froid.

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